Gallica

Trois exemples d'ouvrages datant du XVIe siècle que l'on peut trouver sur Gallica, la plateforme numérique de la Bibliothèque nationale de France (BNF).

1) Défense et illustration de la langue française, le manifeste de Joachim du Bellay (signé "IDBA" pour Joachim du Bellay L'Angevin) tel qu'imprimé en 1549 : "Le temps viendra (peut-être) [...] que notre langue [...] qui commence encore à jeter ses racines, sortira de terre, et s'élèvera en telle hauteur et grosseur qu'elle se pourra égaler aux mêmes Grecs et Romains, produisant comme eux des Homères, Démosthènes, Virgiles et Cicérons"...

2) Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil : autrement dite Amérique, par Jean de Léry, publiée en 1578. Claude Lévi-Strauss a cet ouvrage en poche quand il arrive pour la première fois à Rio en 1935. Voici ce qu'il écrit sur cette histoire étrange dans Tristes tropiques : "Isolés sur un continent aussi inconnu qu'une autre planète, complètement ignorant de la nature et des hommes, incapables de cultiver la terre pour assurer leur subsistance, dépendant pour tous leurs besoins d'une population incompréhensible qui les a d'ailleurs pris en haine, assaillis par les maladies, cette poignée de Français, qui s'étaient exposés à tous les périls pour échapper aux luttes métropolitaines et fonder un foyer où puissent coexister les croyances sous un régime de tolérance et de liberté, se trouvent pris à leur propre piège. Les protestants essayent de convertir les catholiques, et ceux-ci les protestants. Au lieu de travailler à survivre, ils passent les semaines en folles discussions : comment doit-on interpréter la Cène ? Faut-il mêler l'eau et le vin pour la consécration ?"

3) Les œuvres du chirurgien Ambroise Paré (1575) comprennent notamment le fabuleux Livre des monstres et prodiges, qu'il faut feuilleter en se souvenant de ce qu'écrit Montaigne, pratiquement au même moment : "Jusques à cette heure, tous ces miracles et evenemens estranges se cachent devant moy. Je n'ay veu monstre et miracle au monde plus expres que moy-mesme. On s'apprivoise à toute estrangeté par l'usage et le temps ; mais plus je me hante et me connois, plus ma difformité m'estonne, moins je m'entens en moy." (Les Essais, Livre III, chapitre 11) Quel renversement de perspective !

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