Le mauvais œil

"Dans une veille tradition de chez nous (Tunisie), la queue d’un gros poisson séchée et accrochée à la véranda de la propriété permettait d’éviter le mauvais œil."

Certains comptent sur des "gris-gris" et leur "bonne humeur". D’autres croient "aux lutins qui, certainement, vivent dans mon foyer". Les superstitieux mettent un "fer à cheval" ou un "œil" sur leur porte. "J’ai mis un œil protecteur au-dessus de ma porte comme le font les Grecs et les Turcs." "J’ai pendu sur le mur un œil dont ma mère m’a fait cadeau après un voyage en Grèce. Je ne sais pas si cela donne de bons résultats, mais d’une certaine manière, je me sens protégée !" "Dans notre région, il reste beaucoup de traditions et superstitions. Le soir du 30 avril, on ramasse des brins de genêts à balais que l’on place aux portes des maisons pour empêcher les sorcières (Meigas) d’entrer." "Dans ma région, les gens mettent des cruches en terre retournées sur la cheminée pour protéger des influences maléfiques. À Noël, je mets du gui que je laisse toute l’année." On suit scrupuleusement les traditions : "En mettant du gui le jour de l’An sur la porte d’entrée, le 31 décembre, il faut le brûler et le remplacer par un bouquet (offert, jamais acheté)."

D’autres suivent "un peu les conseils du Feng shui". "J’ai habité longtemps en Asie, et nous avons respecté le Feng shui pour la disposition des meubles et il y a des miroirs dans les chambres contre le mauvais œil. Je ne suis pourtant pas asiatique." Des "miroirs profonds", peut-être comme dans L’Invitation au voyage

Dans votre maison, il y a aussi "une bougie allumée, toujours". Je protège ma maison "avec des allumettes que je fais craquer, des bâtonnets d’encens, une petite lumière toujours allumée".

Les objets occupent une place importante : "J’ai une collection de masques dont un venant du Tibet représentant une tête de mort faite en carapace de tortue pour éloigner les mauvais esprits ainsi qu’une peinture "Santeria"." "Je la protège avec des "carrancas" (figures de proue de vieux bateaux) du fleuve São Francisco (Brésil). Pour moi, elles empêchent les mauvais esprits d’entrer."

"Il suffit d’invoquer en situation de crise les noms de tous ceux de ta lignée que tu connais et le problème est rapidement résolu", expliquez-vous. "Chez nous, les Bansoa du Cameroun, nous savons que personne ne meurt vraiment et que mourir ici c’est naître dans l’au-delà et mourir dans l’au-delà c’est naître ici." "Je pense que mes parents qui sont décédés il y a longtemps me protègent des cieux." "La première chose que l’ai mis dans l’appartement où je vis, c’est la photo de mon père mort il y a 8 ans."

Si vous êtes iconoclaste, vous vous reconnaîtrez dans cette réponse : "Au Mexique, c’est assez difficile de se protéger. J’ai cependant un "autel" consacré aux Beatles, qui me sert de source d’inspiration et qui fait rigoler tous mes visiteurs."

Les plantes jouent un rôle important : "J’ai quelques plantes que l’on dit servir à cette fin, et quelques objets typiques de mon pays." Les plantes vous "gardent des mauvaises énergies". On peut se placer sous la protection d’un "grand cyprès tutélaire" : "Il faudrait le couper, mais c’est vraiment difficile de s’y résoudre."

"Les tableaux de mes amis peintres me protègent." "Les pénates sont un peu les livres qui poussent dans les bibliothèques de ma maison. Ils nous ont accompagnés et nous accompagnent à tout moment", écrivez-vous aussi.

Le sentiment de sécurité peut venir également du fait d’être réuni : "La présence de ma famille me donne une impression de sécurité." "Je n’y invite que des gens que j’aime", écrivez-vous avant d’ajouter : "Heureusement, ils sont nombreux." Certains misent sur la convivialité, la bonne entente : "On échange avec nos voisins des gâteaux ou des plats différents."

Comme Montaigne, vous pensez que votre "bonté", votre "sagesse", votre "volonté qui vous pousse à trouver ce qui est le plus juste", ou votre "comportement" vous protégeront quoi qu’il arrive. "Je prens les hommes selon le commun ordre, et ne croy pas ces inclinations perverses et desnaturées si je n'y suis forcé par grand tesmoignage", écrit-il. "Et suis homme en outre qui me commets volontiers à la fortune et me laisse aller à corps perdu entre ses bras."

Parfois tout cela ne suffit pas malheureusement. Ce sont les risques naturels : "Je viens d’être inondé et il n’y a pas de protection contre cela." Un barrage contre le Pacifique… On peut pourtant prendre quelques précautions : "Je dois la protéger des crues lorsque le lac et la rivière environnants dépassent leurs niveaux habituels : je renforce des barrières avant la saison des pluies." "C’est mon mari, maçon, qui a construit notre maison. Il a donc veillé à sa protection, par le choix des matériaux de construction écologiques et anti-sismiques (vu que la Sicile est particulièrement sensible aux tremblements de terre)." Il y a aussi, enfin, les accidents. Ce conseil pour les éviter : "Bien éteindre les appareils électriques" en partant.