L'enfance

"Avez-vous des souvenirs de la maison de votre enfance ? À quoi ressemblait-elle ?" Quand on lit les textes que vous nous avez envoyés, on est tout d’abord frappé par la force de certaines images : "Une grande maison perdue au milieu de la garrigue avec de grandes terrasses et un grand jardin où je courais pieds nus sur les graviers chauds."

À l'évidence, se souvenir de la maison de son enfance, c’est se souvenir de son enfance tout court, des jeux, des courses poursuites dans les escaliers, des granges, réserves, caves, greniers, celliers, hangars, débarras, et autres pièces, où se cacher, des cours et des jardins ("Il y avait une cour commune où nous descendions jouer avec les autres enfants de l'immeuble."). Mais la cuisine était aussi un lieu important où beaucoup de choses se disaient. On se souvient de ces adultes, parents, grands-parents, oncles, que l’on regardait faire et qui nous surveillaient de loin : "Je m'asseyais sur les marches de la cave car mon père y bricolait et ma mère y étendait le linge." Les tâches sont ici encore traditionnellement réparties.

On porte aussi sur ces premières années de formation un regard rétrospectif : "C'était un appartement au rez-de-chaussée d'une tour HLM. Pour mes parents, c'était le grand luxe : une salle de bains, 3 chambres, une cuisine fonctionnelle, le chauffage central ! J'ai adoré aller jouer dehors au pied de la tour. Je suis devenue autonome très vite." "Croissent mes membres, et pèsent, nourris d’âge ! Je ne connaîtrai plus qu'aucun lieu de moulins et de cannes, pour le songe des enfants, fût en eaux vives et chantantes ainsi distribué… / À droite / on rentrait le café, à gauche le manioc […] Sinon l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ?…" écrit Saint-John Perse.

Le début de Fanny och Alexander d'Ingmar Bergman :