L'avenir du cinéma ?

La Femis a ouvert en septembre 2013 une nouvelle formation initiale consacrée à la création de séries télévisées. Le directeur général de l'école, Marc Nicolas, déclare : "Jusque dans les années 1990, les séries américaines étaient considérées comme le diable. Avec Les Soprano, ou The Wire, elles ont acquis un statut d'œuvre d'art. Les étudiants de la Femis sont aujourd'hui autant sériephiles que cinéphiles : Mad Men fait autant partie de leur bagage culturel que Pierrot le fou ou M le maudit." (1)

La Quinzaine littéraire va un peu plus loin en condamnant le cinéma à terme. Si dans les années soixante, "il n'était pas question, pour un cinéphile sérieux, de s'intéresser aux séries que la télévision programmait sur ses deux chaînes", aujourd'hui, la "dynamique" a changé de camp. Les séries sont "beaucoup plus sensibles à l'air du temps". Et le public en redemande. (2)

"Le directeur de la fiction de Canal + me dit depuis longtemps qu'il a besoin de gens capables de lui fournir des séries", se félicite Marc Nicolas.

Notes

1. Faut-il s'en réjouir ? C'est le "autant" qui pose ici question. "L'encadrement sera assuré conjointement par Emmanuel Daucé, l'un des producteurs d'Un village français (France 3), et par Franck Philippon, auteur de la saison 2 de Maison Close pour Canal + et de No Limit pour TF1." Quelle chance ! "La Fémis, à l'école des séries télé", Télérama, 01/04/13.
2. "Les (bonnes) séries constituent des modèles d'écriture et d'efficacité : corsetés par le format – épisodes de 40 ou 52 minutes –, les scénaristes n'ont pas droit aux états d'âme. C'est l'art de la nouvelle, le dos au mur : tout dire, dans les délais et dans le nombre de pages requis. Ici, pas de digressions, sauf pour caractériser des personnages, donc renforcer l'action. Disparaît la notion d'auteur : les réalisateurs sont interchangeables, tournent rarement deux épisodes successifs même s'ils sont attachés à une série, passent d'une production à l'autre, leur seule obligation étant d'assurer la continuité dans la manière. Le public n'attend pas une signature personnelle, mais au contraire, une réalisation non remarquable qui ne rompra pas l'identité de l'ensemble. […] À la place de l'auteur, une famille, rassemblant producteurs, scénaristes, réalisateurs et même comédiens, attentifs à leurs personnages. Tout narcissisme est absent – on est loin du cinéma." Le rêve ! "Du plaisir en séries", La Quinzaine littéraire, septembre 2013.